Comment ze suis arrivée ici...

Dans un grand bâtiment désinfecté, un homme attend. Il a les cheveux longs et bruns et un visage marqué. Enfin, son frère arrive.

Alors, ils nous donnent l’argent ?
-Oui, grogne celui-ci.

L’homme soupire en souriant et crie à Eleonor :

Tu vas pouvoir retourner chez Papa-Maman, petite !

Son frère lui fait signe de se taire et lui dit :

Ils nous donnent l’argent, mais ils ne veulent pas la fille. Apparemment, ça les arrangerait pas mal qu’elle disparaisse.

Ils regardent vers elle et semblent réfléchir tous les deux. Eleonor est là depuis hier soir et elle commence à s’ennuyer.

S’il vous plaît, ze peux zouer à la poupée ?

-Non, ce n’est pas le moment.
–Non, j’ai dit, alors tu la fermes maintenant.

Elle sourit. C’est une fillette de 8 ans, des cheveux roux en couettes et une robe blanche avec de la dentelle, un médaillon autour de son cou renferme une photo de sa famille : son Papa, sa Maman, son petit frère, ses deux grands frère et sœur, et elle. Elle se met à rire joyeusement.

Si vous ne me laissez pas zouer à la poupée, ze vais vous tuer. C’est très amusant aussi !

-De quoi, petite ?


Huit ans plus tard…
Allongée parmi les feuilles humides, à côté d’un grand arbre biscornu, Eleonor dort lourdement. Il fait noir d’encre. Une chouette hulule fortement et réveille la jeune fille. Elle se lève difficilement, encore étourdie par le sommeil et regarde autour d’elle. Il n’y a personne.

*Où suis-ze ?*
Si c’est une blague, ze trouve qu’elle n’est pas drôle du tout !

Ses paroles résonnent seules sans aucune réponse.

Zut ! Ils ont fini par m’abandonner, eux aussi.

Elle fait mine de bouder et crie de nouveau.

Si c’est à cause de Papa et Maman, c’était leur faute ! Ils ne voulaient plus de moi, alors ils ne méritaient pas de vivre !

Elle attend encore puis :

C’est vrai quoi, depuis quand se venzer est un crime.

Soudain, un bruit derrière des buissons la fait taire. Elle s’approche lentement et voit tout à coup en sortir un lapin. Elle rigole de bon cœur.

Tu m’as fait peur. Dis, z’ai faim, ze peux te manzer ?... Ze vais prendre ce silence pour un oui, d’accord ?

Elles rient encore.

Mais au faite, où est Mademoiselle Zulie ?

Elle voit une petite forme dans les herbes et va chercher sa poupée. Ensuite, elle se retourne vers le lapin qui grignote par terre. Elle commence à chantonner.

♪ Rain, rain, rain,
It’s raining again.
Rain, rain, rain,
It will never end.
Under the rainbow,
The sky is blue,
And the sun yellow,
And red is your… blood ♪

Plusieurs minutes plus tard, elle se retourne, sa robe blanche tâché de sang, vers une petite pancarte où est écrit « Monsters' village ».

Alors, c’est là-bas que ze vais.